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Frisson

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25 mai 2020

Des rives

Pavillon en berne, j’ai baissé les voiles

Le vent souffle toujours mais il ne m’amène plus vers toi

A la dérive au rythme de vagues et du battement de mon cœur dans ma tête 

Sans port ni amarre, les incertitudes caressent les bords de mon embarcation

Avec la seule assurance de me retrouver toujours sous le ciel, à l’abri de ma coque

Je lève de temps en temps les yeux  vers l’horizon, mais ne distingue pas de rivage

Encore envouté par la lumière de ton visage qui se dissout lentement dans le soir couchant 

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19 juillet 2016

Improviser

Avec nos mains, nos lèvres et notre corps entier, nous traçons des dessins sur le corps l'un et de l'autre. Je suis des lignes imaginaires, en suivant mes envies, à moins que ce ne soient les siennes.

Improviser, ou suivre une partition ?

Qu'est-ce que l'improvisation si ce n'est jouer les notes de l'inconscient, de nos esprits qui se parlent, de nos âmes qui s'unissent. Nous inventons un langage souterrain autant que divin. Un art à deux où nous cherchons la perfection, l'absolu dans le désir et le plaisir de l'autre, la transe amoureuse au creux de laquelle nous nous isolons du monde pour mieux nous fondre dans l'univers.

14 juillet 2016

Ethernel

La voie lactée s'écoule dans mes veines, étend ses filaments comme des vaisseaux qui irriguent et réchauffent mon âme.

Mes pensées s'éteignent, la lumière d'étoiles cachées se révèle.

L'univers glisse doucement vers moi, devient mon intime, je ne tiens plus que dans l'infini. La Terre, la Terre était trop étroite, elle s'affaisse sur elle-même et s'évanouit dans un silence insignifiant.

Ma raison perd pied, se dissout enfin, seuls subsistent les roches acérées de l'immuable.

Je crois que tu es mon âme soeur, lien aujourd'hui illuminé d'amour, brillant comme une étoile. Demain peut-être silencieux comme le sable qui tapisse le fond des mers.

 

 

13 juillet 2016

Déconnexion

Elle est partie. Le début de trois semaines où on ne se verra qu'une seule fois, dans le chassé-croisé des vacances.

J'ai décidé de résister à la tristesse, à la sensation de manque et à tous ces sentiments négatifs qui se nourrissent insidieusement de l'absence de l'être aimé. J'ai pris des résolutions pour profiter coûte que coûte de chaque minute, qu'elle soit là, ou non.

Quel sentiment étrange : la vie continue, offrant au passage de belles émotions, et même des rires, des plaisirs, des ivresses ; mais ce qui est très spécial, c'est ce sentiment de vide. Tout ce que je vis sonne creux. Je me retrouve dans une espèce d'apesanteur où j'ai l'impression que je ne suis pas vraiment là, que je reste extérieur à mon existence et à tout ce qui s'y passe. Je perds ma connexion profonde avec l'univers.

Je crois bien que je ne me sens exister qu'auprès d'elle.

Est-ce que c'est définitif ? Est-ce que plus jamais je ne serai un être complet, sans elle ? Il y a des chances qu'un jour je sois condamné à passer le reste de ma vie en étant hermétique au monde.

12 juillet 2016

Desiderado

Je ne te demande pas de me faire l'amour. Je ne te demande pas de faire quoi que ce soit.

Je veux juste assister à tes sourires, voir tes traits et tes regards s'emplir de bonheur. Il n'y a rien de plus beau au monde que de voir la légèreté s'emparer de toi.

Aussi, des fois, être assez proche de toi pour sentir nos âmes se lier, tu sais, quand nos têtes se touchent et que quelque chose qui vient de nous mais qui est au-dessus de

nous s'entremêle, comme des fils qui se tissent, et qu'il n'y a plus aucun obstacle entre nos êtres, que tout est parfait.

En réalité, je ne te demande rien, mais tout mon être supplie la vie de faire en sorte que ces instants se répètent et se prolongent.

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28 juin 2016

Relativité

Il ne faut pas être claustrophobe dans ce tram à cette heure-ci, coincé entre les passagers sur ma gauche, et à ma droite une vitre à demi opaque sur laquelle s'étalent des traces de gras, ou de laque, je n'ai même pas envie de savoir. On se retrouve seul avec ses émotions, il est impossible de les fuir, au moins symboliquement, on se retrouve noyé dans son propre jus.

Dans ce tram, je me rapproche d'Elle, enfin. Ma nouvelle notion de la relativité : l'univers n'a pas de haut, pas de bas, ni de gauche ni de droite. Mais il a un sens : plus près d'Elle ou plus loin d'Elle. Avec des émotions liées à l'éloignement, et d'autres liées au rapprochement.

Quand on s'éloigne l'un de l'autre, le vide s'installe. Un manque qui manifeste très vite le besoin d'être comblé. Ça peut être une douleur sourde, ou aigue, une panique, une angoisse, une demande expresse de mon être dont je découvre toujours un peu plus les contours, un nouveau continent qu'Elle a conquis d'avance, qui Lui appartient, qui Lui obéit, qui vit pour Elle.

Un dialogue de sourds s'installe alors entre la raison et l'inconscient. La raison est désolée mais elle est au courant de ce qu'est la réalité, et tente de persuader l'inconscient avec ses arguments emplis de sagesse et d'expérience concluant à la résignation à l'éloignement.

Cependant l'inconscient s'en contrefout. Il y a assez de circonstances où il se fait oublier, où il dort tranquille dans des tréfonds obscurs. Mais d'Elle, il ne peut plus se passer. C'est un refus catégorique. Il faut La retrouver. Alors il actionne les leviers sur lesquels il a une emprise. Si la raison garde le contrôle final sur les actions, lui agit en sous-marin. Dans le ventre où il crée des vertiges, des serrements, des rayonnements de douleur ; dans l'antre même de la raison, la boîte crânienne, où il paralyse les pensées en augmentant la pression sanguine, à moins que ce ne soit en interférant dans l'activité électrique.

12 novembre 2008

Un homme à la mer

Je n'aime pas vieillir, ces jours-ci.

A la fin du Truffaut, l'autre soir, la scène de la porte qui claque dans la nuit, avait une saveur que je ne connais plus. Celle du passé. Est-ce parce que le passé était meilleur ? Est-ce la mémoire qui fait mijoter les souvenirs jusqu'à leur donner un goût honorable ?

Plus on vieillit, plus on se blesse. Plus il est difficile de trouver belles les choses, sans attendre le retour de manivelle ; plus on se protège, pour garder l'équilibre. On colle des rustines où les coups ont été portés pour ne pas que le bateau coule. On se retrouve ou confiné dans une enveloppe imperméable, ou fuyant de partout. J'en suis là en ce moment. Entre le colmatage et la recherche d'air, de lumière.

29 octobre 2008

Une heure par semaine

Les mardis, entre 17h40 et 18h40.
Je me retrouve seul avec ma fille, une heure non pas à tuer mais à faire vivre, dans le quartier des Eaux-Vives. Jusqu'avant les vacances, c'était promenade au parc. Depuis l'heure d'hiver et le temps d'automne, tout est à réinventer. Alors, hier, traversée de la rade en bateau, dans la nuit et sous la pluie. Habitacle étroit, odeurs de graisse et de diesel, lumières humides, crapotement  du moteur, crissement de  l'essuie-glace avant. Le bateau glisse soudain sur une masse sombre. Silence. Le silence des voyages. Mis en musique par les vibrations du moteur, qui nous plonge dans un quasi hypnotisme. Elle pose sa tête contre moi. Je ne sais pas comment elle vit ce voyage, avec ses yeux d'enfant, ses yeux de rêve. Comment cet instant va vivre dans son imagination. Elle serre ma main dans la sienne, les yeux grand ouvert ; je sais que c'est en faisant rêver les enfants qu'on les aide à grandir. Le soir, en la couchant, elle me reparle de ce moment, de la lumière rouge du bateau, des vagues soulevées à notre passage, de notre course sur les quais ponctués de flaques. Et elle s'endort en souriant.

22 octobre 2008

Joie passée

Il y a 2 semaines : à 20h57 je laissais ma fille de 6 ans étendue de tout son long sur son lit, restant encore sous le charme de ce petit être abandonné à son sommeil (quiconque est un témoin familier de l'endormissement des enfants doit comprendre de quelle émotion je parle). Moins d'une minute plus tard, comme si j'avais simplement changé de chambre dans mon appartement, je me retrouvais dans le cinéma le plus cosy de Genève, le Spoutnik, un vrai petit bijou.

Dès les premières minutes du film, comme je l'ai dit à maaa qui m'avait à l'origine conseillé ce film, j'ai compris où Old Joy allait m'emmener. Dans un voyage initiatique au cœur de l'amitié.

L'amitié avec toutes ses caractéristiques, telles qu'elles colorent ma vie ces derniers mois.

L'amitié à laquelle il est d'abord si difficile de donner du temps. Dans laquelle il faut se laisser aller, parce qu'on est souvent retenu. L'amitié dont la première œuvre est de mettre le monde à distance.

L'amitié qui fait redécouvrir le silence. Celui des routes. De la musique partagée. Des instants où, paradoxalement, la présence d'un être cher aide à se retrouver, se recentrer.

L'amitié qui fait redécouvrir la joie du jeu, du divertissement, du rire, de l'ivresse et du n'importe quoi. Qui laisse tomber les apparences et retrouver l'être trivial (voire crétin, pour rester poli) qu'on camoufle parfois sous d'innombrables couches de sérieux et de peurs.

L'amitié qui mène à des moments indicibles, à des paroles aux profondeurs immenses. A des prises de conscience, au droit de réinventer sa vie. A des rencontres authentiques dans une intimité qui confine au spirituel. Et finalement, comme le dit Will Oldham l'acteur dans son monologue crucial, à cette tristesse qui n'en est pas une, qui n'est qu'une reconnaissance du fait que la félicité qui vient d'être éprouvée est derrière soi.

Il y a tout ça dans Old Joy, dans à peine plus d'une heure de film.

A mes quatre frères, qui m'ont été donnés après que j'ai perdu le mien.

20 octobre 2008

Art ?

Je crois que ça va etre de plus en plus ça, la vie. Essayer de retenir le temps entre ses doigts, et sentir pourtant que le sable s'échappe dans des fissures toujours plus grandes. Sur les semaines qui défilent, tenter de poser quelques ancrages pour se donner l'impression d'avancer : progresser dans la musique, avancer dans un livre, aller voir un concert, un film, tomber sur un truc édifiant à la télévision (oui oui, ça arrive). On ne parle meme plus d'écrire. Et pourtant, ça ne devrait pas etre difficile d'écrire tous les jours ne serait-ce que quelque chose de banal.

Dernier moment marquant du point de vue artistique : Au-delà du temps, un film sur la vie de Glenn Gould. En regardant les premières minutes, je me suis dit que ce type était fou. Et au fil des images, des interview, j'ai compris que sa démarche s'inscrivait dans une dimension qui dépasse largement ce siècle. A en avoir le vertige. Voyez ce film.

25 août 2008

White Chalk

Hier soir, par la fenêtre ouverte, une voix portée par le vent.

White chalk hills are all I've known
White chalk hills will rot my bones
White chalk sticking to my shoes
White chalk playing as a child with you

Des frissons me parcourent l'échine, d'entendre ce timbre qui vibre dans l'air comme un fantôme. Ils ont mis PJ Harvey, juste à côté de chez moi (la fin du site alternatif Artamis).

Le lendemain du concert au Grand Rex, il y a bientôt une année... on avait été voir l'expo de Giacometti à Beaubourg avec mon ami L. Je découvrais cet artiste, au-dessus des toits de Paris brillant sous un soleil de novembre.

Après le rêve, après l'amour, après la nostalgie, après le vertige de l'enfance retrouvée, l'émotion reste insaisissable. Elle se montre comme un flash de lumière, puis disparaît aussitôt sans qu'on puisse la retenir, ni la rappeler.

Et dans ces figures effilées aux contours impurs ; dans cette musique qui nage dans les scories de cordes et de voix réverbérées, voilà qu'il devient possible de s'arrêter, et de comtempler.

21 août 2008

Jardin des Plantes

17h02, Jardin des plantes de Toulouse. Les cloches d'une église voisine viennent de cesser de sonner. Le soleil est encore lourd mais on sent déjà venir la fin de la journée. La fatigue des heures passées dans une belle chaleur de juillet semble griser les enfants, ils sont complètement absorbés par leurs jeux. Peut-être savent-ils qu'à tout moment leurs parents avachis sur les bancs alentours risquent de rassembler leurs forces, de se lever pour reconduire leur progéniture à la maison où les attendront les dernières activités du soir, manger, dormir, avant d'affronter l'inconnu d'une nouvelle journée. Sûrement espèrent-ils que ce moment ne viendra jamais. Qui n'a pas connu cela, en vivant des heures suspendues dans la félicité, l'espoir que le temps s'arrête, l'illusion qu'en se concentrant très fort sur ce que l'on est en train de vivre, on sera oublié, laissé en paix. Mais ça n'arrive jamais. On ne quitte pas le navire comme on veut.

Hier j'ai lu cette phrase, (je ne sais plus où ?! Blog ? Marché aux puces ?*) qui avait tellement de sens pour moi : on n'est jamais assez rien du tout.

* ça y est, ça m'est revenu : Amélie Nothomb qui cite Scutenaire qui cite un poète, dans les Catalinaires.

21 août 2008

Holy days

Pendant quatre semaines, je les ai vus tous les jours.

Une aventure...

Au bout du compte, bien au-dessus de la fatigue, l'impression d'avoir encore fait un bout de chemin ensemble, d'avoir construit quelque chose. Tellement délicieuse est la sensation d'avoir apporté sa contribution à l'édification d'un être en devenir. Il ne doit pas y avoir de plus beau privilège que celui d'être parent, de se trouver comme ça aux premières loges devant le spectacle fascinant d'un enfant qui grandit (tout en n'ayant pas fait grand chose pour mériter ça).

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Le premier soir sur les rives de la Méditerranée. Elle avance vers la mer, puis court en criant quand une vague la rattrape. Belle image que cette mer, si fascinante par son ambiguïté de mort et de vie, jouant avec cette petite fille aux jambes agiles et grâciles.
 

18 août 2008

La semaine passée

Ça sent l'automne, les feuilles mortes roulent déjà sur le bitume. D'habitude, j'aime ce moment de l'année ; après que l'atmosphère est étouffée complètement par les écrasantes canicules, les premières fraîcheurs - et la fin de la lumière aveuglante - me laissent comme dans le vertige d'une apesanteur. L'être et les pensées se retrouvent alors entourés de vide, au creux du ventre apparaît ce petit fourmillement, un joyau délicat de désir, de faim et d'envies que je cherche à satisfaire dans l'art et dans l'amour. Mais le 13 août... c'est beaucoup trop tôt. Je refuse. J'ai encore besoin d'être assommé, de me laisser cuire à petit feu par l'oisiveté et l'engourdissement légitime. L'été indien attendra.

[Voeu exaucé]

20 janvier 2008

La fuite

"Plus tard, j'ai ressenti la même ivresse chaque fois que j'ai coupé les ponts avec quelqu'un. Je n'étais vraiment moi-même qu'à l'instant où je m'enfuyais. Mes seuls bons souvenirs sont des souvenirs de fuite ou de fugue. Mais la vie reprenait toujours le dessus. Quand j'ai atteint l'allée des Brouillards, j'étais sûre que quelqu'un m'avait donné rendez-vous par ici et que ce serait pour moi un nouveau départ. Il y a une rue, un peu plus haut, où j'aimerais bien revenir un jour ou l'autre. Je la suivais ce matin-là. C'était là que devait avoir lieu le rendez-vous. Mais je ne connaissais pas le numéro de l'immeuble. Aucune importance. J'attendais un signe qui me l'indiquerait. Là-bas, la rue débouchait en plein ciel, comme si elle menait au bord d'une falaise. J'avançais avec ce sentiment de légèreté qui vous prend parfois dans les rêves. Vous ne craignez rien, tous les dangers sont dérisoires. Si cela tourne vraiment mal, il suffit de vous réveiller. Vous êtes invincible. Je marchais, impatiente d'arriver au bout, là où il n'y avait plus que le bleu du ciel et le vide. Quel mot traduirait mon état d'esprit ? Je ne dispose que de très peu de vocabulaire. Ivresse ? Extase ? Ravissement ? En tout cas, cette rue m'était familière. Il me semblait l'avoir déjà suivie auparavant. J'atteindrais bientôt le bord de la falaise et je me jetterais dans le vide. Quel bonheur de flotter dans l'air et de connaître enfin cette sensation d'apesanteur que je recherchais depuis toujours. Je me souviens avec une si grande netteté de ce matin-là, de cette rue et du ciel tout au bout..."

Patrick Modiano, Dans le café de la jeunesse perdue

Quand j'ai fini ce chapitre, ma respiration était devenue haletante et mon sang tapait dans ma tête.

J'ai vécu un moment comme celui-ci, il y a presque huit ans. J'avais fui. J'avais rempli mon sac avec des habits, je l'avais posé devant moi, sur le réservoir de ma moto, et j'avais roulé en choisissant toujours les chemins qui me rapprocheraient le plus rapidement du ciel. J'avais fini au sommet du signal de Bernex, le point le plus haut de ma région. Alors, en enlevant mon casque, juste au  milieu du ciel, j'avais inspiré ma première bouffée de liberté. Je ne m'étais jamais senti autant vivre auparavant. Jamais. Depuis ce jour, je n'ai fait que de fuir. Plus rien ne m'a vraiment attaché, qu'en apparence.

Aujourd'hui, c'est comme si je retrouvais des amarres, pour la première fois. Et vraiment, j'espère, je crois, que jamais je n'aurai le besoin de couper les ponts avec quelqu'un pour sentir à nouveau l'ivresse de la vie.

25 octobre 2007

La musique et moi

Ce soir, Brad Mehldau à la Chaux-de-Fonds, avec un couple d’amis. D’abord le trajet en train, seul, avec le dernier Tord Gustavsen Trio dans les oreilles. Le paysage vert gris défile, je ne me rappelais plus de cette impression de vitesse, la locomotive dégage une puissance prodigieuse.

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Sur mes genoux, Se Perdre, d’Annie Ernaux, je n’arrive pas à le finir. Non pas que je le trouve ennuyeux, au contraire ; dans chacune des dernières pages, je tombe sur une phrase qui m’arrête, alors je referme le livre et je retourne les mots dans ma tête jusqu’à me les approprier. Je n’avance pas.

Je tourne quand même la dernière page du livre en arrivant à la
Chaux-de-Fonds. Direction l’Heure bleue, un petit bijou de théâtre. Retrouvailles, chaleur humaine (après un froid inhumain). Mes amis sont adorables. Brad est à une table de la brasserie, ça fait toujours bizarre de se retrouver face à une personne qui est la source d’une musique devenue intime, après des heures d’écoute. On a envie de dire, je vous connais, et vous me connaissez. Mais on n’a pas le droit de prendre ce genre de raccourcis.

Le concert commence. Vue sur les mains de l’artiste, depuis le poulailler, quatrième étage. Tout de suite des frissons parcourent mon épiderme depuis mes jambes jusqu’à la base de mes oreilles.

Il y a le piano. Il y a moi. Et entre les deux, suspendue dans l’air, la musique. Une chose vibrante,  matérielle. Parfois un peu distante, parfois enveloppante. A un moment donné, j’enroule mes bras autour de ma tête. La musique agit comme une caresse. C’est exactement ça. Je me recroqueville, et la musique vient m’offrir sa tendresse. La musique, ma mère.

J’ai déjà vécu ça cette semaine. En écoutant Protection, de Massive Attack. Je me réfugie dans la douce voix de femme. Elle me souffle des mots si doux. Je ne suis plus qu’un enfant.


She's a girl and you're a boy
Sometimes you look so small, look so small
You've got a baby of your own
When your baby's gone, she'll be the one
To catch you when you fall


J’ai eu honte de cette relation avec la musique. Cette sphère qui m’entoure et qui me protège, pour un instant. J’ai eu honte de n’avoir trouvé qu’ici un endroit où me poser. J’ai eu honte de n’avoir comme épaule où me reposer que cette succession de phénomènes acoustiques. Un disque que des milliers de gens écoutent, si impersonnel. Et qui m’apporte pourtant cette sécurité et cette affection qui me font cruellement défaut.

Je me demande si un jour ça s’arrête. Si un jour on peut se poser, pour de vrai. Si un jour, on met le pied sur une terre qui ne se dérobe pas.

23 octobre 2007

Tout à fait ça

Pour moi, l'automne n'a jamais été une saison triste. Les feuilles mortes et les jours de plus en plus courts ne m'ont jamais évoqué la fin de quelque chose mais plutôt une attente de l'avenir. Il y a de l'électricité dans l'air, à Paris, les soirs d'octobre à l'heure où la nuit tombe. Même quand il pleut. Je n'ai pas le cafard à cette heure-là, ni le sentiment de la fuite du temps. J'ai l'impression que tout est possible. L'année commence en octobre.

Patrick Modiano, Dans le café de la jeunesse perdue.

16 octobre 2007

Il y a de l'amour dans l'air

Ce matin la boulangère avait de jolies traces de farine sur les fesses.
Et le boulanger, un drôle de petit sourire au coin des lèvres.

14 octobre 2007

Retenir

Il y a de ces journées qui sont si belles que tu voudrais qu'elles ne s'arrêtent jamais, alors tu trouves tous les prétextes pour éteindre la lumière le plus tard possible, le temps de trouver le moyen de transformer les instants présents en souvenirs encore tout chauds dans lesquels tu pourras puiser pendant des décennies (au moins).

22 septembre 2007

Déclin

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En équateur, il paraît que c'est toujours comme au printemps. Moi, j'aimerais que ce soit toujours l'automne. Le soleil, le vent et la pluie, le chaud et le froid qui jouent à se poursuivre et qui laissent dans leur sillage des crépuscules à couper le souffle. Une saison pour aimer. Pour s'abriter dans des bras chauds en attendant l'hiver. Ici, il ne me manque plus qu'un océan.

Imagine.  Tu ouvres doucement un oeil. Avec la conscience qui revient, tu sens le froid matinal sur tes membres découverts, alors tu t'enfouis sous les draps, tout près du corps tout chaud qui dort encore à côté de toi. Machinalement, tu regardes le plafond et les lueurs timides qui s'y lovent. Fascinant, un plafond de chambre, à l'aube. Envoûtante, cette immobilité de laquelle tu ne voudrais jamais t'échapper. Sentir chaque seconde qui passe, tout ça de gagné sur la vie, sur la mort. Amour consommé, digéré. Même plus besoin de chercher un sens. Simplement humain, simplement animal. A l'affût de la lumière. A l'affût de ce nouveau jour qui prend tout son temps pour naître.

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