L'eau parle sans cesse
El agua habla sin cesar y nunca se repite
Je dois avoir écrit une dizaine de fois inspiré par le même lieu. Mais je crois n'avoir jamais vu le lac aussi beau. Cela est peut-être du à l'aténuation du temps, parce que les souvenirs perdent toujours un peu de la force du réel. Quoi qu'il en soit, je ne m'attendais pas à une vision pareille, hier soir.
Une telle netteté dans les détails, une telle longueur dans les perspectives. Les vagues brisées en millions de facettes brillant sous la lumière d'avant la pluie qui offre déjà son parfum. Tout près du bord, s'affalant sur les galets, les vagues sortent les unes après les autres de la grande masse hydraulique, comme des voyageuses qui émergent et prennent pied sur la terre ferme après avoir parcouru l'immensité. Les rythmes de l'eau près de la rive sont rapides, vifs, bruyants. Tandis que plus l'oeil s'éloigne vers le large, plus les mouvements deviennent lents, pleins d'inertie, couverts de silence et d'immobilisme. D'autres personnes s'arrêtent pour contempler, restent debout face au lac. Des ombres dressées, comme des guetteurs envoûtés, attirés par l'absolu du paysage, le visage vide d'émotion, parce que tout se passe à l'intérieur. Il s'agit de s'effacer, faire silence, inspirer, s'imprégner, de se laisser emplir par la quiétude, la beauté, la douceur qui s'offre à soi.