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Frisson
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31 janvier 2006

Errance

Aussi rigoureux que l'hiver, le phare illuminé se dresse droit vers le ciel. Mais son reflet est troublé par les mouvements de l'eau, et l'image danse et se tortille comme un ver blanc. Les canards, foulques et autres cygnes se sont tous regroupés vers la rive, ils cancanent de façon anormale, pour cette heure-ci. Je ne tarde pas à comprendre pourquoi. Plus j'avance sur la digue, plus les vagues se font violentes. Par endroit, le ressac a été si puissant que les galets sont remontés jusqu'au niveau du petit promontoire en bois du haut duquel, en été, les baigneurs laissent pendre leurs jambes ; les volatiles ont fui la houle. Quand j'arrive au bout de la jetée, à son point le plus étroit, je suis réellement impressionné, du côté de l'est, on ne voit plus qu'un immense nuage noir, qu'y a-t-il là bas qui provoque de si fortes vagues ? Le vacarme de l'eau qui fait rouler les pierres recouvre mes pensées.

Je me tourne alors vers la ville. Le petit lac est d'huile. L'homme continue de vaquer à ses petites occupations, il a maîtrisé la nature et ne s'en soucie plus. Je me rappelle de la scène vécue quelques heures plus tôt à une centaine de mètre d'ici, parmi d'autres clients attendant à la caisse. Tous debout, immobiles, pour la plupart le regard dans le vague, des mines de déterrés, réunis dans un seul objectif : assister au concert des bip des caisses emplissant l'espace du magasin. Les rythmes s'enchaînent, un moment de silence, puis un groupe de quatre bip, très rapides, puis trois autres plus espacés, en syncope. Moment passionnant. Vie trépidante de l'homme moderne qui se complaît dans ce genre de situation où il n'est qu'un parmi d'autres anonymes, où il n'a pas de décision à prendre, aucune responsabilité, aucun devoir, juste attendre son tour dans l'hypnotisme d'un bruit électronique et répétitif.

23h30. La fraîcheur de la brise me sort de mes divagations. Mon nez est glacé, il est temps de le mettre au chaud. En descendant les escaliers, juste après le petit pont qui me ramène au monde, j'aperçois une ombre qui roule, rapide, silencieuse. Un vélo de dame. Je n'ai pas vu s'il était rouge.

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