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Frisson
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27 mars 2007

18-20

Les débuts de soirée sont faciles à occuper. La Placette est ouverte jusqu’à 19h00, le dernier étage s’ouvre sur les toits de Genève. Plaisir de voir filer les dernières scories de la journée. Pendant que le soleil s’ombre, des éclats de lumière sautent d’un endroit à l’autre, sur une antenne, une fenêtre, un toit de tôle. Les coups d’œil rapides ne captent que de l’immobile, tandis qu’une plus longue rêvasserie permet de saisir des mouvements : drapeaux au vent, volatiles, infimes indices de la vie qui grouille encore dans les rues.

Le dernier étage s’ouvre aussi sur des personnes que j’observe du coin de l’œil par-dessus mon livre. Un couple âgé parvient lentement et laborieusement jusqu’à la table d’à côté. La femme enlève sa veste et la dépose avec une grande minutie sur le dossier d’une chaise, une belle place avec vue. Elle fait quelques pas en direction du self service, mais revient aussitôt sur ses pas. Afin d'assurer complètement sa réservation, elle incline la chaise contre la table, enfin certaine que personne ne viendra lui ravir sa place. Lui, il patauge, il avance, recule, fait mine de déposer son plateau vide, le ramène à lui, et finit par suivre le mouvement de sa femme qui s’éloigne. Ils reviennent deux minutes plus tard avec deux cocas zéro, dommage, quelques calories de plus ne leur auraient pas fait de mal. Ils sont sur le point de s’asseoir, quand soudain elle regarde fixement sur sa droite. Une table encore mieux située s’est libérée, alors très vite elle reprend sa bouteille et se précipite vers son nouvel Eden. Lui était déjà en train d’amorcer sa descente, il met du temps à réaliser le changement de plan, et encore plus à stopper son élan déclinant. Il semble alors rassembler son courage et ses forces, se redresse péniblement. A force de persévérance, il retrouve l’équilibre sur ses frêles jambes. Et il reprend vaillamment sa marche à la poursuite de sa dulcinée dont il a visiblement de la peine à suivre le rythme.

Le temps de tourner quelques pages, le haut-parleur sonne déjà comme celui d’une gare, le magasin va fermer, je rassemble mes pages, descends les escalators vides, me retrouve dans la rue fraîche et ombrée. J’ai rendez-vous dans une heure sur l’autre rive.

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Commentaires
S
que livreur de pizzas puisse être un métier poétique mais raconté comme ça !
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F
Merci :) Les ciels, j'ai toujours le nez dedans, ils me fascinent, et ça évite de passer mson temps à me demander si la place que j'occupe ici bas est la meilleure ou non...<br /> <br /> Le métier le plus poétique que j'ai fait c'était livreur de pizzas ; sur ma moto, à l'heure où l'on aime habituellement se réfugier chez soi ou dans un bar, je me délectais tous les soirs de crépuscules incroyables.
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S
je l'ai souvent observé dans les bus que je prenais en dehors des heures de pointe....des gens indécis qui paniquent devant trop de sièges vides...et qui passent de l'un à l'autre...la question du choix en fait...<br /> <br /> sinon j'aime bien comment tu décris les ciels
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F
Mais non, tu devrais savoir toi que l'eau c'est même plutôt agréable. Ou t'es une tortue de terre ?
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M
oh oh, monsieur Frisson aurait donc perdu l'équilibre, vaincu par quelques verres...<br /> <br /> Mais bon, tant que tu ne tombes pas dans le lac, y'a pas d'bobo!<br /> ;-)
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