Au bout du fil
Ils
sont en vacances avec leur mère. Hier ils m'ont appelé, c'était le
moment, ils commençaient sérieusement à me manquer. Le temps d'un
appel, j'ai eu le temps de rire, de sourire tendrement, de ressentir
encore une fois la profondeur de mon attachement à eux, un frisson doux
et délicieux me parcourait la gorge alors que j'écoutais ma première
raconter ses petits soucis de presque grande fille avec son besoin
immense d'être rassurée, puis mon petit gars m'abreuver de ses théories
étonnantes à propos de "l'étude scienti-fille" qu'il venait de mener à
bout cet après-midi - j'ai compris à force qu'il parlait d'une enquête
scientifique, tout ça en percevant en arrière plan les cris de
la petite qui marchait sur les pieds des grands pour essayer de leur
piquer le téléphone. Après y être finalement parvenue, elle m'a
expliqué qu'elle coloriait un grand ciel bleu mais qu'elle n'avait pas
fini parce qu'il était vraiment grand, et en-dessous il y avait des
moutons oranges et rouges, et quand je lui ai demandé s'il y aurait des
nuages, elle m'a dit oui, des roses, comme ceux que je vois depuis ta
cuisine, papa.
Après avoir raccroché, malgré l'envie non réalisable de les serrer très fort et de remplir leurs cous de bisous, j'avais
ce petit sourire précieux aux lèvres, conscient de mon trésor, de cette
présence irremplaçable et inaltérable qui tient chaud dans tous les
hivers.