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Frisson
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26 octobre 2006

Mes idées et moi, vers une heure trente du matin.

En sortant de club de jazz, j'avais les idées étonnamment claires, après avoir voyagé tout près de la folie, avec ce dernier set complètement jeté pendant lequel le fou du premier rang levait ses bras et ses jambes à chaque envolée musicale tout en vociférant, grognant, jurant, gémissant, alors que les musiciens semblaient se lâcher complètement, un moment d'anthologie.

J'avais les idées relativement claires et je savais pertinemment que je ne pouvais pas prendre la route tout de suite si je ne voulais pas risquer de finir en prison, j'étais donc condamné à errer dans la ville désertée, pendant quelques heures, le temps que mon organisme reprenne le dessus sur les verres de bière que j'avais oublié de compter en les ingurgitant.

Mes idées n'étaient plus tout à fait claires quand j'ai demandé à la dame du snack un sandwich et un soda bien pétillant avant de rejoindre le bord du lac, bleu foncé parsemé d'étoiles figées dans le froid, avec les ombres discrètes à peine perceptibles de volatiles glissant sur l'obscurité en ne laissant derrière eux que de fines lignes s'étendant longuement jusqu'à se dissoudre complètement dans l'invisible.

La clarté de mes idées s'est quelque peu troublée quand j'ai marché sur les quais avec ma bouteille dans une main et mon téléphone dans l'autre et que j'ai dû m'y reprendre à plusieurs reprises avant de réussir à composer des mots avec une orthographe une grammaire un sens enfin quelque chose que ma destinataire pourrait lire et comprendre malgré l'heure tardive - je crois que je lui ai dit que les mouettes étaient déchaînées mais je ne suis plus très sûr, parce que c'est le moment où mes idées sont devenues beaucoup moins claires et que la vision des oiseaux blancs parfaitement alignés sur les flotteurs en face de la plage criant à m'en faire péter les tympans s'envolant par dizaines et tournoyant dans le noir autour de moi à m'en donner le tournis - je crois que c'est à cause de ces fichues bestioles que mes idées ont commencé à devenir franchement troubles quand je tentais de repenser à cette soirée vécue à distance un peu comme dans un rêve avec des personnages onyriques sans me poser trop de questions et sans m'étonner de rien et maintenant que je revenais à la réalité je ne comprenais plus, est-ce que j'étais vraiment réveillé et pourquoi le froid me mordait et les regrets aussi et pourquoi l'euphorie semblait se noyer dans une tristesse qui n'était pas là tout à l'heure, et puis je me suis assis, les pieds dans les cailloux, les mouettes se sont un peu calmées et on m'a dit à la semaine prochaine ce qui a rendu mes idées un peu plus sereines, juste avant de m'endormir je crois ou je ne sais plus, seulement quand j'ai rouvert les yeux j'ai retrouvé le lac, les lumières du rivage, et quelques idées.

Dans la voiture, en rentrant, en devinant le ciel des premières lueurs, je ne savais plus si je devais rire de moi ou pleurer d'elle, je me suis couché l'esprit vide, soulagé de n'avoir finalement plus d'idée du tout.

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Commentaires
R
Ne serais tu pas entrain de devenir un etre humain???
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C
Oui, je sais, ces moments sont parfois nécessaires, même si je déteste perdre le contrôle...
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F
Réalité... Je n'étais pas vraiment saoul, juste un peu émêché par la musique, la fatigue et le stress. Tu sais, les moments où la soupape s'ouvre et où tu perds (enfin) un peu le contrôle.
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C
C'est pas beau de boire, hein?<br /> Je ne suis peut-être pas la mieux placée pour te le dire, mais bon.<br /> Après on ne se rappelle plus de tout, sauf d'un flou artistique qui ne l'est peut-être pas tant que ça!<br /> Alors, rêve ou réalité ton histoire? Vagues souvenirs ou création pure?
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