Carence
Le ciel ne sait plus trop s'il veut se montrer ou pas, son bleu se laisse désirer, les nappes blafardes laissent entrevoir quelques reflets légers de couleur azur, à moins que ce ne soit le fruit de mon imagination, c'est un peu pareil dans ma vie, ce que je recherche se trouve sûrement juste là, à côté, mais je ne vois que les reflets de ce que je désire. Pourquoi cela existe-t-il, le manque, l'homme est un animal bizarre, pourquoi a-t-il une idée exacte de ce qu'il aimerait du moment où il est impossible d'y accéder, pourquoi n'est-il pas capable de vivre simplement ce qu'il vit, pourquoi ces éclairs de manque me déchirent-ils, ces manques d'évidence, de tendres douceurs, pourquoi ces parfums de femme imaginaires et obsédants s'insinuent-ils jusque dans mes narines, pourquoi ai-je ressenti ces creux au ventre en pensant à Venise, au gris des villes, aux verts clair des arbres et sombre froid des fleuves qui s'écoulent lentement le long des quais, austérité citadine qui n'en serait que plus belle une fois brisée par le regard d'une femme amoureuse, par la chaleur de bras complices sur le banc d'un café, par l'idée de retrouver son corps après avoir franchi la porte refuge d'une chambre d'hôtel, mais pourquoi donc sais-je tout cela, c'est bon et douloureux à la fois, exaltant tout en étant dévastateur. Je préfèrerais être ignorant des choses de la vie, tu sais, j'aimerais oublier tous ces manques et n'en avoir même aucune idée.