Trouble week-end
Après avoir quitté le bar, en descendant la rue, j'ai senti le souffle doux et froid de la nuit sur mon visage et mes pensées ont commencé à s'agiter. Heureusement, la descente n'a pas duré longtemps, et ce fut un véritable soulagement de devoir fournir un gros effort pour nous remonter jusqu'à mon lit, moi et mon litre 1/4 de bière et ma fatigue de la semaine. Alors que je pédalais, il ne susbsistait plus de cette soirée qu'une sensation douce-amère ; douce parce que je venais de passer plus de trois heures en compagnie de personnes que j'aime et que j'admire ; amère parce que j'ai eu l'impression une fois de plus d'être resté extérieur aux discussions, aux rires, de n'avoir été là que par un heureux hasard, un accident, une faveur qu'on m'aurait accordée par indulgence en fermant gentiment les yeux sur mon incompétence à vivre en groupe.
Puis j'ai passé le week-end comme dans un état second, réservant mes facultés cérébrales limitées à l'organisation logistique d'un week-end avec enfants, fatigué jusqu'au point de ne réaliser qu'après être entré dans une piscine avec les quatre nains qui m'accompagnaient le traître oubli de mon maillot. C'est ainsi que dimanche après-midi, j'ai pris mon premier bain public en boxer moulant, content d'avoir perdu quelques longueurs de poignée d'amour ces derniers temps, attendant pour regagner ma serviette que se détournent les regards des maîtres nageurs et surtout des mères de famille alentour qui ne semblaient qu'attendre - même si je sais qu'il ne s'agit-là que d'une impression de type paranoïaque - que je sorte du bain pour poser leurs yeux avides sur les contours bien nets de mon postérieur.