Des-routes
A midi, le ciel s'est refermé sur moi, je ne voyais plus que du gris fade, des vagues d'eau jetées sur les trottoirs, les gens qui couraient, le bitume violemment éclaté par une légion de gouttes. Ma tête aussi semblait se recroqueviller sur mes pensées, je me sentais à l'étroit, confiné, pressé dans une sourde avalanche d'angoisse et de soudaine solitude. A la radio il y avait Roads, le filet de voix de Beth me traversait la tête comme une aiguille qui transperce un membre, laissant derrière elle une sensation froide et piquante. Puis la triste oppression des nappes de violon sur mes tempes, de façon à ce que je ne pouvais que me laisser aller dans une sombre lancinance. J'ai une histoire avec cette chanson, elle me tombe toujours dans les oreilles à des moments où les fils de ma vie se resserrent, se nouent et forment une charnière dans laquelle je m'étrangle doucement. Heureusement, les charnières ne sont qu'un passage. Mais sur le moment, qu'est-ce que ça fait mal.