Juin au balcon
Après que la dernière paire d'yeux s'est fermée, j'ai relevé les stores de la cuisine, une lumière discrète s'est tout de suite glissée dans les couloirs immobiles de l'appartement. J'attendais depuis longtemps ce moment, qu'il fasse assez chaud pour boire une bière sur mon balcon, en regardant s'installer les étoiles, et s'égrener lentement la douce musique des lumières illuminant petit à petit les milliers de fenêtres de mon quartier. Je me suis laissé entourer par la nuit, les pétarades de scooter, les éclats de voix des badauds attardés, le murmure de sons indéfinis et confondus dans un seul bruit de fond chaud, lisse et familier. Aussi familier que le profil des montagnes entravant l'horizon, je les voyais déjà depuis ma chambre d'enfance, même après toutes ces années, elles semblent avoir gardé une part de leur enchantement.
Apaisé, enfin. Ancré dans ma respiration, lente, profonde, amenant à chaque bouffée d'air le goût de la chaleur, le toucher des ciels qui, nous permettant de nous perdre dans leur absence de limites, finissent par nous retrouver.
Je me demande si cela a un sens de vivre des instants si parfaits, seul. Qu'y a-t-il de plus détestable que la perfection que l'on ne peut partager ?