Sur ma faim
En
remontant les Bastions en début d'après-midi, dans cette allée immense
entrecoupée de pavés, d'ombres et de soleil, j'ai éprouvé beaucoup de
difficulté à maintenir un certain contrôle sur la montée de mes sens.
L'effet
du retour de la chaleur, des terrasses retrouvées, des déjeuners sur
l'herbe, de la lecture de livres et de messages exquis, de la sensation
laissée par la tiédeur de l'air coulant sur le tissu fin de ma chemise ?
Qu'importe.
J'ai senti mon ventre fourmiller, de minuscules aiguilles me démanger
délicieusement en remontant dans ma gorge jusque vers ma tête,
avant d'envahir sournoisement le reste de mon corps.
Envies,
envies non définies, sans objet, mais envie, faim, soif, créer,
embrasser, parler, sourire, serrer, ouvrir plus grand les yeux, son
corps, et donner, donner en fermant les comptes, offrir à qui le voudra
bien.
Dommage qu'il faille se protéger de ça.
Ou plutôt, protéger les autres de ça.